Saint Padre Pio (Francesco Forgione) est né le mercredi 25 mai 1887 à 17 heures à Pietrelcina, qui pourrait se traduire par «petite pierre».
Ses parents sont Grazio Forgione (1860–1946), agriculteur et Maria Giuseppa Di Nunzio Forgione (1859–1929). Ils se sont mariés en 1881.
Francesco Forgione est baptisé le lendemain à l'église Santa Maria degli Angeli (Sainte-Marie-des-Anges) de Pietrelcina près de Bénévent.
Sa mère, fervente catholique, lui donne le nom de Francesco en hommage à François d'Assise.
Il a un frère aîné, Michele (1882), et trois sœurs, Felicita (1889), Pellegrina (1892) et Grazia (1894).
Francesco était le quatrième enfant d’une famille de sept enfants, dont deux enfants étaient morts avant sa naissance :
- Un premier Francesco, mort à 19 jours
- Amélia, morte un mois avant la naissance du deuxième Francesco (Padre Pio).
L'une de ses petites sœurs deviendra religieuse Brigittine à Rome.
Il mène une jeunesse pieuse, se rendant souvent à l'église.
Dès l'âge de 5 ans, il aurait eu des apparitions et des extases. Il avait déjà des apparitions diaboliques dont il se défendait par la prière et la pénitence.
Son jeu préféré était de ramasser des morceaux de bois pour en faire des croix.
Il aimait aussi organiser des processions avec ses camarades bergers : Mercurio, Ubaldo et Michele.
À Noël, il fabriquait des crèches avec de l'argile.
Il ne voulait pas jouer avec les enfants de son âge, car il ne supportait pas les blasphèmes et mots grossiers.
Son meilleur compagnon de jeu, il le confiera plus tard, n’était autre que son Ange Gardien.
Il avait 12 ans quand l'évêque de Benevento lui administra le sacrement de la Confirmation à Pietrelcina.
Le 27 septembre 1899, Padre Pio fut confirmé et fit sa première communion. Il écrira plus tard : «Au souvenir de cette journée, je me sens tout entier dévoré par une flamme très vive qui brûle et ne fait pas mal» Ce qui laisse entendre qu’il reçut pleinement les Dons du Saint-Esprit.
Pensant très jeune à sa vocation religieuse, cela incita son père à lui donner de l'instruction.
Ses maîtres furent un paysan de la famille qui était considéré comme instruit parce qu'il avait obtenu le certificat d'études, et un peigneur de chanvre qui savait enseigner l'alphabet.
Un prêtre, Domenico Tizzani, fut chargé de lui enseigner le latin.
Don Tizzani était un prêtre défroqué qui vivait retiré à Pietrelcina avec une de ses anciennes pénitentes.
Francisco semblait fermé, Don Tizzani n'obtenant aucun résultat alla voir la maman de Francesco et lui dit que Francesco ferait mieux d'aller travailler aux champs car il n'était pas doué pour l'étude.
Lorsque Maria Giuseppa répéta ces propos à Francesco qui n'avait que 7 ans, il répondit : "Ma tête incapable ! Sa tête ne vaut rien, il vit dans le péché".
On se rend compte que Francesco n'étant pas au courant des relations illicites de Don Tizzani, possédait déjà le don de lire dans les consciences.
En 1901, il suit le programme d'enseignement du collège avec le professeur Angelo Caccavo.
Trois ans plus tard, Angelo Caccavo reconduisit Francesco à sa mère en lui disant : "Je n'ai plus rien à lui apprendre, il en sait autant que moi. Bientôt c'est lui que me donnera des leçons".
Francesco put se présenter chez les Pères Capucins. Il réussit brillamment l'examen d'admission et fut admis comme postulant le 6 juillet 1902.
En 1919, Francesco écrivit à son ancien maître, Don Tizzani : "Je me souviens constamment de vous dans mon humble prière auprès du Seigneur, et Dieu sait combien je l'importune pour votre complète conversion".
Padre Pio n'avait aucune rancune contre son ancien maître. Au cours de son service militaire, étant en congé de convalescence à Pietrelcina, il passa devant la maison de Don Tizzaini qui était malade. Il mourut dans les bras de Padre Pio.
C'est en observant frère Camillo, un jeune quêteur capucin qui passait de temps en temps à Pietrelcina, qu'il pensa à se faire Franciscain.
Francesco était fasciné par ce moine à la longue barbe qui se rafraîchissait à la fontaine du village et racontait des histoires de saint François d'Assise aux enfants puis faisait le tour des maisons pour demander l'aumône et un peu de pain.
Padre Pio dira plus tard : "Je m'étais mis dans la tête la barbe du frère Camillo et personne ne put me démonter".
Son oncle Pellegrino voulut l'envoyer chez les Capucins mais malheureusement leur noviciat qui se trouvait à Morcone était complet.
Dès qu'une place se libéra, l'Archiprêtre Pannullo commença à rassembler tous les documents nécessaires pour Francesco, mais il reçut une lettre anonyme disant que Francesco courtisait la fille du chef de gare de Pietrelcina.
L'Archiprêtre, furieux, radio Francesco du groupe des enfants de chœur. On découvrit par la suite que l'auteur de la lettre anonyme était un autre enfant de chœur, qui enviait la place de Francesco et le jalousait.
Le 6 janvier 1903, Francesco ayant reçu toutes les autorisations, put partir.
Des tentations qui se présentaient sous une forme monstrueuse essayèrent de lui faire changer d'avis. Mais juste avant son départ, il fut rassuré par une apparition de Jésus et de la Sainte Vierge.
Sa mère lui dit : "Mon fils, cet adieu fait saigner mon cœur. Ne prêtes pas attention aux larmes de ta mère. Dieu et Saint François t'appellent, tu dois aller. Que le Seigneur et sa Sainte Mère te bénissent !"
Il fut accompagné par le professeur Caccavo et don Nicola Caruso.
Son père Grazio Forgione devra s’expatrier par deux fois en Amérique, à Buenos Aires, tout d’abord, puis à New York et dans la baie de la Jamaïque, pour payer les études de son fils et, plus tard, les dépenses médicales occasionnées par la piètre santé du jeune religieux. Ce dernier devra, en effet, passer sept longues années hors du couvent, dans sa famille, tant sa santé était délabrée. Quant à la mère, Maria-Giuseppa di Nunzio, c’était une femme pieuse, douce et ferme tout à la fois, très travailleuse car elle devait remplacer son époux dans le travail des champs. Elle était pleine d’attention pour son fils Francesco.
Vie religieuse
En arrivant au couvent, il a la joie d'être accueilli par le frère Don Camillo, le jeune quêteur qui lui avait inspiré sa vocation.
Suite à un examen, il fut considéré apte à poursuivre ses études secondaires. Le professeur Caccavo partit satisfait.
Le novice se prépara alors à la cérémonie de la prise d'habit franciscain qui eut lieu le 22 janvier 1903 au couvent de Morcone.
Francesco Forgione devint alors Frère Pio de Pietrelcina.
L'austérité de vie à laquelle il était soumis favorisa en lui l'identification aux souffrances du Christ qui lui faisaient verser des larmes et du sang.
Il se dispensait parfois de récréation ou de souper pour poursuivre ses méditations.
Son année de noviciat se termina le 22 janvier 1904.
Une cérémonie solennelle marqua la profession simple des vœux religieux de Padre Pio.
Il fut transféré au couvent de Sant'Elia a Pianisi où il reprit ses études secondaires jusqu'en novembre 1906.
A partir de ce moment, survinrent de mystérieuses maladies qui obligeaient ses supérieurs à le transférer dans divers couvents.
Parfois on le renvoyait dans son village car l'air de Pietrelcina lui faisait du bien.
Pendant cette période, les extases et les persécutions démoniaques se répétaient.
Par suite de travaux au couvent de Sant'Elia a Pianisi, le Frère Pio fut envoyé à San Marco La Catola (1906-1907). C'est là qu'il fit sa 1ère année de philosophie.
Le 27 janvier 1907, Frère Pio revient à Sant'Elia a Pianisi pour y prononcer ses vœux perpétuels.
Puis il reprit ses études théologiques sous la direction du Père Agostino à Montefusco où il résida de décembre 1908 à novembre 1909.
Au mois de décembre 1908, Frère Pio reçut l'ordination mineure en la cathédrale de Benevento, la cérémonie était présidée par Mgr Bonazzi.
Quelques jours plus tard, il reçut le sous-diaconat dans la cathédrale de Bénévent des mains de Mgr Schinozi.
Le 18 juillet 1909, il est ordonné diacre dans le couvent de Morcone par Mgr Benedetto dalle Camere, évêque de Fermapoli.
Le premier miracle aurait eu lieu à Montefusco, une de ses parentes (sa tante Daria) fut guérie d'une grave brûlure en appliquant sur son visage un sachet qu'il lui avait envoyé avec des châtaignes.
Il est ordonné prêtre à la Cathédrale de Bénévento le 10 août 1910 par Mgr Schinosi et nommé à Santa Maria degli Angeli de Pietrelcina.
Sa mère assista à la cérémonie. Son père ne put y assister, étant en Amérique.
Quatre jours plus tard, il célébra sa première messe dans son village natal.
Padre Pio resta à Pietrelcina, sa mère s'occupait de lui et il célébrait la messe à l'église paroissiale.
Les habitants du village furent les premiers à bénéficier de quelques interventions miraculeuses.
Par exemple, il anéantit par une bénédiction, les poux qui envahissaient les plantations de fèves.
Le 7 septembre 1910, il reçoit les stigmates à Pietrelcina. Les stigmates disparaissent, le Seigneur ayant exaucé sa demande de les rendre invisibles sans cesser cependant de lui en infliger la souffrance.
Ses Supérieurs lui ordonnèrent de retourner au couvent et l'envoyèrent à Venafro où ses confrères assistèrent à des manifestations surnaturelles :
- Il entrait en extase quand il priait,
- Il engageait des luttes furieuses contre les forces démoniaques,
- Il lisait dans les pensées et sondait les cœurs.
Les frères, inquiets par son physique éprouvé, demandèrent le renvoi de Padre Pio à Pietrelcina où ses maux disparaissaient.
Il rentra dans sa famille et Rome lui permit de garder son statut de frère hors du couvent jusqu'à sa guérison.
Son Supérieur provincial ne se résignait pas à cette solution et réussit à ramener Padre Pio au couvent, à Fiogga. Son état de santé s'aggrava immédiatement.
Le 24 mai 1915, l'Italie entrait dans le conflit international.
En novembre 1915, il est appelé sous les drapeaux (Matricule 2094/25) et il quitte Pietrelcina mais il fut rapidement envoyé en convalescence à cause de sa mauvaise santé. Il revint à Pietrelcina où il séjourna jusqu'en février 1916.
Les couvents étant vides à cause de la mobilisation, la présence de Padre Pio était précieuse. Le Père Agostino vint le chercher pour le conduire au couvent Sainte Anne à Foggia.
Un jour d'été 1916, le père Paolino de Casacalenda, supérieur du couvent de San Giovanni Rotondo passe à Foggia et obtient l'autorisation d'emmener avec lui Padre Pio qui souffrait de la canicule.
Après un court séjour, il revint à Foggia.
En août 1916, il demande son transfert définitif au couvent de San Giovanni. Sa demande est acceptée et le 4 septembre 1916 Padre Pio se rendit au couvent de San Giovanni Rotondo où il restera jusqu'à sa mort.
Il ne quitta le couvent que pour faire le service militaire.
En septembre 1916, le Père Paolino le chargea de la direction spirituelle du collège des Franciscains.
Ils étaient alors 3 au couvent :
- Le supérieur, le Père Paolino,
- Le Père Pio,
- Le Frère Nicolas.
Le Père Pio fit un pèlerinage avec ses élèves à la grotte de l'Archange Saint Michel au Monte Sant'Angelo.
En décembre 1916, il doit se rendre à Naples pour un nouvel examen médical. Il a un nouveau congé de convalescence de 6 mois, le document indiquait : "Ensuite, attendre les ordres".
Le Padre Pio revint à San Giovanni Rotondo le 30 décembre 1916.
En avril 1917, il obtient la permission de rentrer à Pietrelcina et d'accompagner sa sœur Grazia à Rome où elle entra au couvent sous le nom de Sœur Maria-Pia.
Au bout de 6 mois (juin 1917), Padre Pio attendait les ordres mais ne recevait rien.
Son commandant remarquant qu'il ne revenait pas, le fit rechercher.
Le gradé chargé de cette mission, chercha Franscesco Forgione, personne ne le connaissait.
L'officier se rendit enfin au couvent, il trouva Francesco Forgione qu'on ne connaissait que sous le nom de Padre Pio.
Il fut alors conduit au commandant territorial qui le mit aux arrêts pour désertion.
Padre Pio présenta le document mentionnant qu'après 6 mois, il devait attendre les instructions.
Le commandant reconnut alors l'innocence de Padre Pio et son dossier de désertion fut classé sans suite.
Après deux dérogations, il est jugé apte au service et est affecté deux mois à la caserne de Naples.
Le Padre Pio vit mal cette période à la caserne où il entend des histoires grossières, des brochures de mauvais goût circulent...
Le 4 novembre 1917, son commandant lui donne un nouveau congé de convalescence de 4 mois.
Le 5 novembre, il rentre à San Giovanni Rotondo.
En mars 1918, il est réformé définitivement suite à une visite médicale au cours de laquelle on constata l'état désastreux de sa santé.
Finalement, le service militaire de Padre Pio a duré 4 mois et 11 jours. Il reçut environ 24 mois de de congé pour convalescence. La plupart du temps, on le trouvait à l'infirmerie de l'hôpital militaire.
C'est pendant la guerre que se situe un événement raconté par le général Luigi Cadorna. Le 24 octobre 1917, suite à une attaque surprise des Autrichiens et des Allemands ayant percé les lignes italiennes et causé le désastre de Caporetto (Kobarid), il fut limogé. Retiré au palais de Zara, à Trévise, très marqué par sa défaite, il décida d'en finir et, s'apprêtait à tirer le coup de revolver fatal, lorsqu'il vit soudain entrer dans son bureau un moine capucin qui le convainquit de ne pas attenter à sa vie. Une fois le religieux reparti aussi soudainement qu'il était apparu, Cadorna sermonna les gardes en faction, leur reprochant d'avoir laissé passer sans l'annoncer un moine inconnu de tous. Les soldats jurèrent qu'ils n'avaient vu personne entrer ou sortir ! Plusieurs années plus tard, le général voyant une photo de Padre Pio dans un journal, reconnut le capucin qui lui avait sauvé la vie par des paroles de réconfort, un soir de novembre 1917.