Qu'est ce qu'est la Doctrine Sociale de l'Eglise ?
Je ne peux pas trouver de meilleur mot pour décrire ce qu'est la Doctrine Sociale de l'Eglise que les mots du Collège des Bernardins :
"Elle est une boussole pour aider chaque baptisé à faire le lien entre sa vie de foi et son action dans la société !"
Elle a pour but de guider les catholiques en politique et dans la société de tous les jours. Il est difficile aujourd'hui de savoir ce qu'on doit défendre en société en tant que chrétien. Certains partis politiques de gauche sont attrayants, par exemple, car ils prônent une aide accrue aux pauvres, mais d'un autre côté, ils défendent des valeurs antichrétiennes comme l'avortement ou encore l'euthanasie. La droite se donne l'image d'une certaine chrétienté, mais ne vous y trompez pas : il n'en est rien. Car la droite soutient l'avortement, ou encore ne veut pas aider les plus démunis, et elle repose essentiellement sur la méritocratie et la préférence nationale. À gauche comme à droite, il est difficile pour un chrétien de s'y retrouver, car il est obligé de faire des concessions avec sa foi. Et c'est là qu'une troisième voie s'ouvre : la Doctrine Sociale de l'Église. Elle prend le meilleur des philosophies politiques de droite comme de gauche, et elle ne fait aucune concession sur sa foi. À la fois contre l'avortement et pour aider les humains dans la dignité, elle respecte aussi bien la propriété privée que les travailleurs. Pour conclure, c'est une véritable boussole pour les personnes désirant défendre le message du Christ dans la société.
D'où tout ça commence ?
La Doctrine Sociale de l'Église, qu'on abrègera par DSE, trouve ses racines au XIXᵉ siècle. Il faut savoir qu'à cette époque, on est marqué par la Révolution industrielle : les salaires sont bas, la misère est à son paroxysme, les riches ne font que s'enrichir sur le dos des travailleurs, qui travaillent plus de 50 h par semaine, sans vacances et avec un salaire des plus misérables. C'est également à la même période que montent les idées communistes et socialistes, qui peuvent sembler transmettre un message de paix et de solidarité avec les travailleurs, mais ces mêmes philosophies sont très anticléricales, et il est très difficile pour un chrétien de s'y rattacher, car ces philosophies politiques font des concessions ahurissantes au nom du progrès (avortement aujourd'hui, par exemple). Donc l'Église se doit de montrer la voie à ses fidèles, et c'est le pape Léon XIII qui va mettre les choses au clair dans son encyclique "Rerum Novarum".
Photo du Pape Léon XIII
Dans l'encyclique Rerum Novarum¹ il est écrit :
"Que les droits et les devoirs des patrons soient parfaitement conciliés avec les droits et les devoirs des ouvriers."
Cette encyclique marquera le début d'une grande histoire de l'Église dans la société post-Révolution française. Il est important de garder en tête qu'aujourd'hui encore, la Doctrine Sociale est prônée au sein de la curie romaine, avec l'encyclique Quadragesimo anno de Pie XI en 1931, ou bien l'encyclique de saint Jean-Paul II, écrite en 1991 : Centesimus annus et dans notre siècle avec le pape François qui a écrit en 2015 l'encyclique Laudato si.
Les 10 grands principes de la Doctrine Sociale de l'Eglise
Pour établir les 10 grands principes de la DSE, j'utilise uniquement les travaux² de l'université DePaul University et plus précisément Robert P. Maloney qui est prêtre et il est le 23ème Supérieur Général de la Congrégation de la Mission.
1 - Le principe de la dignité de la personne humaine
"Chaque personne quels que soient sa race, son sexe, son âge, sa nationalité d'origine, sa religion, son orientation sexuelle, son statut vis-à-vis de l'emploi, son niveau économique, sa santé, son intelligence, sa réussite ou n'importe quelle autre caractéristique engendrant des différences, est digne de respect. Ce n'est pas ce que vous faites ou ce que vous avez qui vous donne droit à être respecté, mais c'est le simple fait d'être un homme qui établit votre dignité. A cause de cette dignité, la personne humaine n’est, dans l'optique catholique, jamais un moyen, mais toujours une fin."
2 - Le principe du respect de la vie humaine
"La vie humaine à chaque étape de son développement et de son déclin est précieuse et donc digne de protection et de respect. Il est toujours coupable d'attaquer directement une vie humaine innocente. La tradition catholique voit le caractère sacré de la vie humaine comme faisant partie de toute vision morale d'une société juste et bonne."
3 - Le principe d'association
"La famille est le point central de la société ; la stabilité familiale doit toujours être protégée et jamais dévaluée. En s'associant avec d'autres -en famille et dans d'autres institutions sociales qui favorisent la croissance, protègent la dignité et promeuvent le bien commun- les personnes humaines atteignent leur épanouissement."
4 - Le principe de participation
"Sans participation, les biens qui sont mis à la disposition de la personne par une quelconque institution sociale ne peuvent être obtenus. La personne humaine a le droit de ne pas être privée, de participer à ces institutions qui sont nécessaires à l'épanouissement humain.
Ce principe s'applique de façon particulière aux conditions liées au travail.
“Le travail est plus qu'une manière de gagner sa vie ; c'est une forme de participation continue à la création de Dieu. Si la dignité du travail doit être protégée, les droits fondamentaux qui sont le privilège des travailleurs doivent aussi être respectés, le droit à un travail productif, à un salaire convenable et juste, le droit d'organiser des syndicats et d'y adhérer, le droit à la propriété privée et à l'initiative économique"
5 - Le principe de la protection préférentielle des pauvres et des personnes vulnérables
"Nous croyons que nous rejoignons le Christ lorsque nous rejoignons les personnes dans le besoin. La parabole du jugement dernier joue un rôle important dans la tradition de la Foi catholique. Depuis ses origines, l'Église a enseigné que nous serons jugés par ce que nous avons choisi de faire ou de ne pas faire vis-à-vis des affamés, des assoiffés, des malades, des personnes sans domicile, des prisonniers.
Aujourd'hui l'Église exprime cet enseignement par le terme “d'option préférentielle pour les pauvres”.
Pourquoi un amour préférentiel pour les pauvres ? Pourquoi mettre en premier les besoins des pauvres ? Parce que le bien commun, le bien de la société dans son ensemble, l'exige. Le contraire de riche et puissant est pauvre et sans pouvoir. Si le bien de tous, le bien commun doit l'emporter, une protection préférentielle doit être apportée à ceux qui souffrent de l'absence de pouvoir et des effets de la privation. Autrement l'équilibre nécessaire pour maintenir le tissu de la société serait brisé au détriment de tous."
6 - Le principe de solidarité
"La solidarité nous appelle à ne pas répondre seulement à des malheurs personnels et individuels; il y a des problèmes de société qui sont un cri exigeant des structures sociales plus justes. Pour cette raison, l'Église nous appelle souvent, aujourd’hui, non pas seulement à nous engager dans des œuvres charitables, mais aussi à travailler à la justice sociale. "
7 - Le principe de l'écologie
"Celui qui gère est un administrateur, pas un propriétaire. A une époque de prise de conscience grandissante de notre environnement physique, notre tradition nous appelle à nous sentir moralement responsables de la protection de l'environnement - terres cultivables, prairies, espaces boisés, air, eau, minéraux et autres gisements naturels-. Les responsabilités de gérance s'appliquent aussi à l'attention de notre santé et à l'usage de nos talents personnels et de nos biens."
8 - Le principe de subsidiarité
"Le principe de subsidiarité met une limite nécessaire au gouvernement en insistant sur le fait que le niveau supérieur d'une organisation ne doit pas effectuer des opérations qui peuvent être prises en compte efficacement et effectivement à un niveau inférieur par des personnes ou des groupes qui sont plus proches des problèmes et du terrain. Les gouvernements oppressifs violent toujours le principe de subsidiarité ; des gouvernements trop actifs le violent aussi parfois"
9 - Le principe de l'égalité
“L'égalité de toutes les personnes vient de leur dignité essentielle... Si les différences de talents font partie du plan de Dieu, la discrimination sociale et culturelle vis-à-vis des droits fondamentaux n'est pas compatible avec le dessein de Dieu”
10 - Le plus important : Le principe du bien commun
Les conditions sociales, auxquelles l'Eglise pense, présupposent “le respect des personnes”, “le bien-être et le développement social du groupe” et le maintien de la paix et de la sécurité par l'autorité publique. Aujourd'hui, dans un âge d'interdépendance globale, le principe du bien commun conduit au besoin de structures internationales qui peuvent promouvoir le juste développement des personnes et des familles par-delà les frontières régionales et nationales.
Ce qui constitue le bien commun sera toujours matière à discussion. L'absence de sensibilité au bien commun est un signe certain de décadence dans une société. Quand le sens de la communauté s'érode, le souci du bien commun diminue. Un bon souci communautaire est l'antidote à un individualisme effréné qui, comme l'égoïsme sans limite dans les relations personnelles, peut détruire l'équilibre, l'harmonie et la paix au sein des groupes, des voisinages, des régions et des nations.
Où lire la Doctrine Sociale en détail ?
Il est possible de lire entièreme la Doctrine Sociale de l'Eglise grâce à ce livre :
Ou si vous préférez une lecture plus intuitive et plus imagés je ne peux que vous recommander le DOCAT ( qui est disponible à 2$ sur leur application et 20$ en livre )
Sinon vous pouvez la lire gratuitement sur le site du Vatican avec ce lien :